... et moi j'écrase mes mots humides

dans le cendrier d'un bleu acharné
.

extrait de : "J'écrase" dans La Nuit Remuée

par EZ

jeudi 28 janvier 2010

Ballade du pain blanc de Itzik MANGUER (couleur femme 3)

Debout aux seuils assombris des soirées
Mères portant leurs châles déchirés,

Visages blêmis, doigts éteints,
Les treize apôtres de la faim.

Et par-dessus leurs têtes le couchant
Allume la lune ainsi qu’un pain blanc.

Tristement vers le pain les mères tendent
Leurs mains rapiécées, leurs mains qui quémandent :

- Ö pain sacré tombe sur nos genoux
- Ö pain de blé sacré délivre nous !

La mort pétrit nos enfants dans leur lit
Et fait de leurs corps squelettes de nuit.

Et tremblote au-dessus des fenêtres la lune
Au dessus des enfants les fantômes nocturnes.

Et souriant du grand pain blanc
Meurent les enfants plus docilement.

La lune qui du ciel ne peut tomber
Fait ses rayons dans le fleuve flamber.

Mères courbées sur le seuil des soirées
Leurs yeux éteints, leurs châles déchirés.

Et pleurent sept jours la mort d’un enfant.
Et pleurent sept jours la mort du pain blanc.

Itzik MANGUER (1901-1969)

Traduction Charles DOBZYNSKI

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