... et moi j'écrase mes mots humides

dans le cendrier d'un bleu acharné
.

extrait de : "J'écrase" dans La Nuit Remuée

par EZ

vendredi 5 février 2010

Tubize de Robert GANZO (5)

Dans cette usine ça sent l'éther ;
et dans l'éther peinent les filles
qui font et défont des bas de soie
pour d'autres filles.

Mesdames, tendez bien vos bas
transparents comme l'onde ;
quand le printemps revient, là-bas,
ça sent l'éther tout à la ronde.

Ah ! le printemps et les lilas
les dessous blancs, les falbalas...

Mais, là-bas, les filles sont grises ;
sont soûles comme chaque jour ;
soûles pour quelques francs par jour ;
et l'éther leur fait pour toujours
les yeux hagards et la peau grise.

Les trains passent devant l'usine,
et l'odeur entre dans les trains ;
l'odeur s'en va dans la campagne,
l'odeur immonde bien nourrie
du pauvre sang des pauvres filles
qui font et défont toute leur vie,
des bas de soie pour d'autres filles.

Robert GANZO

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